Institution

Hommage à Marion Seure, ancienne élève de la promotion Joséphine Baker (2016-2017)

L’Institut national du patrimoine a appris avec une grande tristesse le décès accidentel de Marion Seure, ancienne élève de la promotion Joséphine Baker (2016-2017) et intervenante de l’enseignement de spécialité Inventaire. Nous partageons la peine de ses proches, de ses collègues et nous associons à l’hommage que lui rend la communauté patrimoniale sous la plume d’Alain Beschi, chef de la mission de l’Inventaire général du patrimoine culturel à la direction générale du patrimoine et de l’architecture.

Marion Seure, chercheuse dans le service Patrimoine traditions et Inventaire de la région Sud.

À la demande de Marceline Brunet, sa cheffe de service depuis un an, ainsi que de Julien Boureau et Frédéric Fournis, ses responsables dans son précédent poste en Pays de la Loire, je vous prie de trouver ces quelques mots qui retracent brièvement son parcours professionnel.

Marion Seure

Archiviste-paléographe, Marion Seure a été formée à l’École nationale des chartes. Elle a obtenu son diplôme en 2016, après avoir soutenu un mémoire intitulé « Le Prix de la Gloire ». Création et commande artistiques autour d’une église à la Renaissance : Saint-Gervais-Saint-Protais de Gisors de 1515 à 1629. Lauréate la même année du concours des conservateurs du patrimoine dans la spécialité Monument historique et Inventaire, elle a intégré l’Inp au sein de la promotion Joséphine Baker. Son stage de spécialité a été effectué dans le service patrimoine et Inventaire de l’ancienne région Aquitaine, auprès de Xavier Pagazani dans le cadre d’une opération topographique consacrée à la vallée de la Vézère en Dordogne. Elle a notamment réalisé une soixantaine de dossiers concernant la commune de Sergeac. Dès ce temps d’apprentissage, elle a fait montre d’une grande maturité scientifique et d’un engagement véritable à la cause de l’Inventaire général ; ses qualités humaines l’ont immédiatement fait apprécier de l’ensemble de l’équipe.

Sortie diplômée de l’Inp en 2017, elle a été rapidement recrutée dans le service Patrimoine de la région Pays de la Loire, alors en pleine restructuration avec l’arrivée de plusieurs jeunes chercheurs, sous la responsabilité de Frédéric Fournis. L’opération d’inventaire qui lui a été confiée concernant le territoire rural de Lassay-les-Châteaux, en partenariat avec le département de la Mayenne, lui a permis de déployer ses compétences en archivistique et d’éprouver sa spécialisation dans l’architecture de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, dans l’analyse de ce territoire parsemé de châteaux, entre Normandie et Bretagne. Au terme de l’enquête, elle a assuré la coordination scientifique et la rédaction de l’ouvrage de la collection régionale des Images en Pays de la Loire, Lassay aux confins du Maine, de châteaux en pressoirs, paru en 2022. Par son enthousiasme, son ouverture aux autres et son énergie elle contribua grandement à insuffler son dynamisme à l’équipe et noua de solides liens d’amitiés avec plusieurs des membres du service.

Attachée aux missions et aux valeurs de l’Inventaire général et parfaitement intégrée au réseau national, elle intervenait régulièrement dans la formation initiale des élèves conservateurs de la spécialité Inventaire et contribuait, par ailleurs, au groupe de travail « Gertrude », pour l’évolution de l’outil de production des dossiers d’Inventaire.

Parallèlement à son activité professionnelle, elle s’était engagée dans une thèse portant sur les églises du Vexin français à la Renaissance 1533-1600, avec le Centre d’études supérieures de la Renaissance de l’université de Tours, sous la direction de Marion Boudon-Machuel et d’Etienne Hamon, thèse brillamment soutenue en novembre 2023.

Désireuse de découvrir de nouveaux territoires, elle avait choisi de poursuivre sa carrière dans un autre service régional en saisissant l’opportunité de postuler en Sud-PACA. Le choix de cette région lui permettait d’intégrer une équipe pour conduire une enquête sur un terrain d’étude très stimulant, la communauté d’agglomération de la Dracénie en Provence, tout en lui offrant un terrain de jeu à proximité pour s’adonner à sa passion sportive pour la randonnée en montagne et l’escalade, qu’elle partageait avec son compagnon. Marion venait de fêter sa première année au sein du service dont elle était rapidement devenue un élément de cohésion. Membre de la Société française d’archéologie, elle contribua à la réussite du congrès annuel tenu dans les Alpes-de-Haute-Provence en entrainant dans son sillage plusieurs de ses collègues. Par sa curiosité intellectuelle, son appétence pour la recherche et son professionnalisme, elle incarnait une nouvelle génération parfaitement à l’aise dans les réseaux de la recherche, qu’ils soient institutionnels, académiques ou associatifs.

Une semaine avant le drame qui a cruellement interrompu son existence de jeune femme et une carrière des plus prometteuses, elle participait à la rencontre annuelle de l’association des personnels de l’Inventaire général à l’Isle-sur-la-Sorgue. Nous fûmes heureux de la retrouver pleine de vie et totalement engagée dans les projets qui l’animaient. L’absurdité de sa disparition nous laisse abasourdi. Elle manque cruellement à ses proches, à ses collègues, à la grande famille de l’Inventaire général.

Biographie posthume rédigée par Alain Beschi, chef de la mission de l’Inventaire général du patrimoine culturel à la direction générale du patrimoine et de l’architecture.